La fonction de recruteur a longtemps été cantonnée à l’interne, dans les services RH classiques, ou externalisée à des cabinets de chasse. Mais depuis quelques années, le paysage du recrutement change profondément. L’essor du travail indépendant, la numérisation des outils RH, la montée du travail à distance, et la pénurie de talents dans de nombreux secteurs ont favorisé l’émergence d’un nouveau profil : le recruteur freelance.
Ce professionnel du recrutement travaille à son compte, pour plusieurs clients, en toute autonomie. Il peut être généraliste ou ultra-spécialisé (tech, industrie, santé, finance…), et intervenir à différentes étapes du processus de recrutement : sourcing, présélection, entretiens, suivi d’intégration, marque employeur, ATS, stratégie RH…
En 2024–2025, ce modèle séduit de plus en plus de recruteurs salariés en quête de liberté, de variété et d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Mais la question se pose naturellement : ce choix est-il viable financièrement ? Et surtout, quel est le salaire du recruteur freelance ? Voyons donc l'état du marché actuel.
Avant d’aborder les chiffres, il est important de distinguer les trois logiques principales du revenu recruteur indépendant.
C’est le mode le plus répandu. Le recruteur vend son temps à la journée ou à la mission. Il travaille parfois à temps partiel pour plusieurs entreprises, ou à plein temps pour une seule pendant quelques semaines ou mois.
Le Tarif journalier moyen (TJM) varie énormément en fonction de l’expérience, du secteur d’activité, de la localisation géographique (même en télétravail), et de la rareté des profils à recruter. Voici les plages observées sur les plateformes spécialisées :
À noter que certains profils hybrides, qui cumulent sourcing, stratégie, accompagnement managérial et recrutement opérationnel, justifient des TJM élevés, notamment dans les startups ou PME en hypercroissance.
Estimation du revenu brut annuel (avant impôts et charges)
En partant d’un rythme moyen de 120 à 180 jours facturés par an :
Bien sûr, ces montants ne prennent pas en compte les jours non facturés (prospection, formation, congés) ni les charges inhérentes au statut (URSSAF, impôts, mutuelle, outils pro…).
Le recruteur freelance peut aussi être rémunéré uniquement si le candidat présenté est embauché par l’entreprise cliente. C’est le modèle traditionnel des cabinets de recrutement. Ici, la logique est souvent la suivante :
Tarif moyen constaté : 15 % à 25 % du salaire brut annuel.
Ce modèle peut être très rentable… si l’on place régulièrement des candidats. Mais il comporte des risques :
Certains recruteurs freelances combinent ce modèle avec un forfait de démarrage (ex. : 1 500 €) pour sécuriser un minimum de revenus, même si aucun placement n’aboutit.
Le minimum de sécurité à avoir est donc de rejoindre un collectif de recruteurs solide, fort et bien implanté. Également, nous avons un système de commission très intéressant, que vous trouverez en consultant cette page.
Plus rare, mais en développement, ce modèle consiste à négocier un forfait mensuel fixe avec un client, pour un accompagnement continu. C’est une forme de régie externalisée.
Exemples :
L’intérêt est double :
Ce modèle demande de bien cadrer les objectifs et les livrables en amont. Il est souvent utilisé par les recruteurs qui souhaitent se positionner comme partenaires RH plus que comme prestataires ponctuels.
Voici un tableau comparatif simplifié pour visualiser les différences de revenu brut annuel selon les modèles économiques, sur la base d’une année « typique » avec un bon niveau d’activité.
Ces chiffres sont à relativiser :
Beaucoup de recruteurs freelances choisissent un modèle hybride pour lisser les risques : une mission au TJM à temps partiel, deux clients en abonnement et quelques success fees de temps en temps.
Un recruteur freelance en France exerce souvent sous un statut d’auto-entrepreneur, de micro-entreprise, ou en portage salarial.
Voici un exemple de calcul pour un revenu brut annuel de 80 000 € :
En portage salarial, l’entreprise de portage prélève environ 45 à 50 % du CA, en échange de la protection sociale (Assurance chômage, retraite, mutuelle, etc.). Ainsi, il faudrait aspirer à un CA brut de 100 k€ pour un revenu net mensuel d’environ 3 000 à 3 500 €.
Le métier de recruteur freelance connaît un essor réel en 2025, porté par la flexibilité du travail indépendant, l’évolution des pratiques RH et la demande croissante de profils spécialisés. Si le tarif recruteur peut varier fortement selon les modèles économiques choisis (TJM, success fee, abonnement), les recruteurs indépendants bien positionnés et bien organisés peuvent espérer des revenus bruts annuels compris entre 50 000 € et 120 000 €, voire plus dans certaines niches.
Cependant, cette liberté a un prix : il faut savoir gérer l’incertitude, assurer sa prospection, s’équiper d’outils performants, et bien maîtriser son cadre administratif et fiscal. En choisissant le bon mix entre missions ponctuelles, placements à la performance et accompagnements récurrents, le recruteur freelance peut construire une activité pérenne, stimulante et rentable – tout en restant maître sur son emploi du temps ainsi que ses choix de carrière.